Campagne RCW - Mission n°1 - Rapport du camarade Général Anatoli Vassili Anatolovitch.Mars 1918, quelque part autour de Voronej…Je m’appelle Anatoli Vassili Anatolovitch… Il y a quelques mois encore, j’étais sergent au 72e régiment d’infanterie de l’armée impériale du Tsar… Maintenant, je suis le camarade commandant d’un ramassis d’unités dépareillées, dont je ne sais même pas grand-chose, à vrai dire…
Et là, je suis dans un train qui va je ne sais où, entouré d’une dizaine d’hommes de la garde du camarade Trotsky, et j’ai la gueule de bois…
Arrivé en gare que j’identifie comme celle de Voronej, je descends et mon escorte me conduit vers un bureau dans le bâtiment principal. A 100 mètres sur ma droite, un type vient d’être fusillé… Un officier, on dirait.
Là, dans le bureau, six (haut) gradés me regardent… Personne ne parle. Je salue et me présente :
« camarade commandant Anatolovitch, à vos ordres, camarades ».
« GENERAL Anatolovitch », me répond celui qui semble être le patron… Je viens de prendre du galon… Mauvais signe…
« Je suis le camarade général Alexandr Peticanitch, directement rattaché à l’état-major du camarade Trotsky. Voici les camarades Postitch, Kouglov, Saprisky, Grobov et Savapavitch. Je n’irai pas par quatre chemins. Les forces bourgeoises et impérialistes du général Piotr Camulogénovitch se rassemblent dans le secteur de Tsaritsyn. Félicitations, camarade… Tu viens d’être proposé pour commander notre armée en vue d’un assaut dans ce secteur visant à repousser cette menace. Tu ne devrais pas avoir de mal à faire mieux que ton prédécesseur » …
Bigre… ça doit être le pauvre type que j’ai vu dehors…
« Nous avons regroupé plusieurs régiments sur le secteur de Voronej. Tu disposeras d’un régiment de fusiliers marins, d’un autre de la Sotnia du camarade Trotsky, de deux voire trois régiments de réguliers et de quelques éléments conscrits. Une unité de cavalerie te sera affectée ainsi que de l’artillerie et on verra ce qu’on peut faire côtés véhicules. Des questions ?
- Euh oui… Quand doit avoir lieu l’attaque ?
- Le plus rapidement possible. De source sûre, les forces blanches ne s’attendent pas à un assaut dans ce secteur… Nous avons une chance de les prendre par surprise » …
Un des gradés étale une carte sur la table.
« Voici le secteur où les éléments Blancs ont été repérés il y a deux jours. Nous pensons qu’ils vont prendre quartier près de Tsaritsyn, là exactement. Pour leur infliger un revers définitif, il nous faudrait sécuriser quatre objectifs :
- Une zone de forêts sur notre flanc gauche (Zone 4),
- Un carrefour au centre (Zone 2),
- Un village au centre – Son église serait un point d’observation parfait pour notre artillerie (Zone 3) ;
- Une colline à droite du dispositif (zone 1).
Je sais, camarade… La tâche s’annonce ingrate… Mais nous sommes certains que tu sauras t’en acquitter, au nom de la révolution ».
Après les formalités d’usage, me voici dehors… Devant moi, les officiers des différents régiments que je vais mener au combat. Il me revient la tâche de les galvaniser pour qu’ils n’aient qu’un seul objectif en tête : la victoire contre les impérialistes !
L’arrivée sur le secteur de Tsaritsyn se fait en une semaine, par le train. Il a fallu rassembler et équiper les quelques milliers d’hommes qui vont participer à l’assaut. Je ne suis pas mécontent de la présence des marins et de la Sotnia : ils me font l’effet d’être des durs à cuire !
Il nous faut encore une journée pour que les régiments prennent place sur leurs positions respectives. Pendant le voyage en train, j’ai eu le temps de planifier les opérations et de soumettre ce plan à mes officiers.
Ce sera simple. L’armée sera divisée en trois colonnes :
- Le gros de l’effort portera vers le centre de la carte, vers le village (3) et le carrefour (2). Mes deux régiments d’élite ainsi qu’un régiment d’infanterie régulière soutenus par deux batteries de canons prendront place dans ce secteur ;
- L’attaque du bois à gauche (4) se fera avec les conscrits et un régiment de réguliers, soutenus par deux batteries d’artillerie et des mitrailleuses en nombre ;
- Enfin, l’assaut de la colline sur le flanc droit (1) sera conduit par un régiment de cavalerie soutenu par quelques véhicules armés, blindés légers. La rapidité sera leur atout principal. Une batterie de canon les soutiendra en arrière.
Nos espions nous ont encore confirmés que les Blancs ne s’attendant aucunement à cet assaut… Mais je reste méfiant. J’ai déjà eu l’occasion de me battre contre des Blancs. Ils sont déterminés, efficaces, bien formés. Beaucoup d’anciens cadres de l’armée du tyran (le Tsar) les ont rejoints et ils savent se battre.
Quelques problèmes m’ont été par ailleurs rapportés pendant le déploiement … plusieurs centaines de conscrits ont déserté. Aussi problématique, nous devrons lancer l’assaut sans le soutien préalable de notre artillerie lourde… Cette dernière ne sera prête au mieux que bien après le début de l’attaque.
Je n’aime pas ça… Mais les dés sont jetés !
A 6h00, j’ordonne le lancement de l’attaque. Très vite, les régiments s’ébranlent et se lancent comme un seul homme dans un formidable assaut. Les hymnes révolutionnaires se font entendre et enflamment les soldats… Rien ne pourra résister à cette marée rouge qui va verser son sang pour la liberté du peuple russe, pour la juste révolution des prolétaires…
Les différents objectifs, à l’exception du carrefour situé plus en avant dans les lignes ennemies, sont inoccupés ! C’est le moment d’en profiter. Je scrute le front, devant moi : je distingue des silhouettes chez les Blancs…
Ils semblent avoir été pris par surprise…
Nos troupes avancent rapidement et de manière ordonnée.
Notre assaut est vite couronné de succès, au centre. Le régiment de réguliers occupe rapidement le village et son église, avec les deux régiments d’élite en appui. Les Blancs se mettent en position en face…
Occuper cet objectif est un bon point pour nous… L’artillerie de campagne suit le mouvement.
L’ennemi en face prend position…
J’entends les blindés ennemis qui démarrent… Ils réagissent vite. Nous avons des professionnels en face de nous…
Notre dispositif s’organise rapidement au centre…
Sur le flanc gauche, les conscrits appuyés par un régiment de réguliers et plusieurs mitrailleuses arrivent en bordure de la forêt. Pour le moment, il ne semble pas y avoir présence de soldats ennemis. L’artillerie vient de déployer des pièces dans un champ…
Quant au flanc droit, je contemple de ma position leur avancée rapide vers la colline, face à la ville où sont stationnées plusieurs unités blanches.
Le village au centre de la route semble être un objectif facile à tenir. En effet, en face, les ennemis auront à traverser une grosse zone marécageuse avant d’espérer arriver devant les premières maisons.
Mais les Blancs réagissent vite… De ma position, je vois arriver des renforts par la route principale, au fond…
Tout à coup, un grondement suivi de sifflements et d’explosions font vibrer l’air… Dans le village, des gerbes de terres montent vers le ciel, causant une panique parmi le régiment de réguliers qui venait de le capturer. Ces derniers tiennent bon dans un premier temps…
Mais ils finissent par reculer devant l’intensité du pilonnage. Ces artilleurs Blancs sont de bons éléments, il faut le reconnaître…
Sur le flanc gauche, un régiment impérialiste vient de prendre position dans le bois. Il va falloir les déloger rapidement, sous peine d’avoir une grosse épine dans le dispositif…
Un premier assaut a lieu : les réguliers s’élancent dans une clameur à l’assaut. Les combats sont acharnés… Mais les Blancs, contre toute attente, repoussent nos forces en lisière de forêt. Nos pertes sont importantes et le moral du régiment vacille.
Pendant ce temps, les unités de la Sotnia Rouge viennent de réoccuper le village central, permettant ainsi aux réguliers qui s’étaient repliés de se réorganiser. Hourre !
Notre artillerie lourde intervient enfin, pilonnant une position susceptible de fournir des renforts aux Blancs occupant la zone d’objectif de la forêt, à gauche.
A droite, la cavalerie et les blindés légers font des miracles : un régiment blanc qui venait d’occuper la colline est délogé par un assaut furieux des cosaques rouges ! Les marins en profitent pour se déporter sur ce flanc, afin de soutenir le régiment de cavalerie sur son objectif. Les choses se présentent bien. Le blindé léger a pris un coup au but : il demeure opérationnel, mais pour combien de temps ? …
Une clameur retient mon attention. Au centre, un régiment blanc vient de traverser les marais et se lance à l’assaut du village. La Sotnia et les réguliers qui venaient de se réorganiser brisent cet assaut… Les Blancs doivent se replier après avoir subi de lourdes pertes. Ça conforte mon idée que cette position centrale ne sera que très difficilement prenable par l’ennemi…
Sur le flanc gauche, un deuxième assaut soutenu par de l’aviation est lancé par les conscrits contre la position des Blancs ; hélas, ces derniers viennent de la fortifier…
C’est un vrai désastre… Les volontaires sont presque étrillés et l’aviation totalement inefficace. Cette dernière a d’ailleurs fait défection, ce jour-là…
J’ai beau scruter le secteur flanc gauche et je ne vois pas comment nous allons nous y prendre pour prendre cet objectif. Des unités ennemies sont arrivées en soutien. J’ordonne le repli, car c’est encore ce qu’il y a de mieux à faire dans ce secteur.
Les restes des volontaires et du régiment de réguliers se replient donc vers le village central, avec pour mission de garder le flanc gauche de cet objectif. L’artillerie de campagne a pris position sur les hauteurs, plus en arrière, pour couvrir la zone entre le flanc gauche et le village central.
A mi journée, la situation est la suivante :
Sur le flanc droit, l’ennemi n’arrive pas à déloger de la colline les cavaliers, héros de cette journée…
Par contre, sa cavalerie et un blindé effectuent une manœuvre de contournement qui menace directement mon état-major…
J’ordonne à mes officier un mouvement vers la gauche, pour recherche l’abris de l’artillerie. Un régiment de réguliers quitte le centre de la zone à ce moment-là pour tenter de revenir vers notre état-major et stopper la manœuvre efficace de l’ennemi.
A la fin de la journée, avec mes officiers, nous convenons que la situation est bloquée… Nous tenons deux objectifs sur les quatre, sur lesquels nous sommes solidement retranchés. L’ennemi est dans une configuration identique. Lui, affaibli, ne pourra prétendre à la capture de nos positions solidement défendues. Malheureusement, nous n’avons plus aucun espoir de nous emparer du secteur boisé à gauche, et le carrefour central parait imprenable, ses troupes étant déployées autour…
Je sens que le camarade général Peticanitch ne va pas aimer ça du tout… Il nous faut maintenant évaluer précisément la situation…
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Voilà... Premier compte-rendu carrément Rouge pour une bataille qui a été violente.
Il nous reste à faire le décompte des points pour savoir lequel des deux camps l'a emporté. Nous le ferons bientôt...
- Si le Blanc gagne, il garde Tsaritsyn et s'empare du secteur de Voronej ;
- Si le rouge gagne, Tsaritsyn sera libérée et ses habitants vivront dans le bonheur soviétique...
Suite bientôt...
PS : Pierre, je me suis permis de te piquer une photo que je trouve superbe : celle où tu vois les cavaliers passer derrière de l'infanterie retranchée dans les ruines...