Je relance le sujet suite à un micro-évènement qui a retenu mon attention.
Il y a quelques semaines, j’ai initié un gars de mon club à une partie de « de Chair et d’Acier », au cours de laquelle il s’est semble-t-il bien amusé, manipulant les quelques 150 figurines en 15mm que je lui avais confiées pour l’occasion.
Il n’a pas eu un seul mot de toute la journée pour exprimer son appréciation des sujets avec lesquels il a joué, et qui ont été sous ses yeux durant plusieurs heures.
En revanche, il s’est extasié, ne tarissant pas d’éloges, en examinant un rat géant en 28mm réalisé en impression 3D que lui présentait un autre intervenant du club.
Disons que ça m’a mis mal à l’aise, mais pour ne pas avoir l’air con, j’ai fait mine de m’extasier moi aussi devant le bidule hideux en plastoc translucide.
Et puis un sentiment bizarre, non pas de la jalousie – je pense avoir passé l’âge de la masturbation intellectuelle, enfin j’espère – mais plutôt de la consternation, et un brin de tristesse.
Bon, du coup je vais devoir faire mon coming out d’archaïque : alors voilà, je n’aime pas les figurines en impression 3D. C’est grave, docteur ?...
Hormis l’écoeurant aspect du business inhérent, qu’on avait évoqué de vive voix avec Brother Patrick il y a quelque temps, il y a d’autres facteurs, plus difficiles à cerner, mais je vais essayer.
D’abord, je peins des figurines depuis 50 ans, et je déteste ça. C’est un processus douloureux, qui fait mal aux yeux, au dos, et qui demande une motivation et une concentration invraisemblables. Je peins non pas par plaisir, mais pour avoir des jouets avec lesquels je suis content de jouer ensuite avec mes copains. Or pour trouver la motivation pour peindre, il faut que les figurines me plaisent. Non pas qu’elles soient belles, mais juste qu’elles me plaisent. Qu’elles aient du charme. Et pour avoir du charme, il faut qu’elles aient de la personnalité, quitte à être imparfaites, et qu’on y décèle un côté artisanal, bref qu’elles soient humaines. Je m’amuserai toujours plus à donner vie à un laideron de figurine Irregular rabougrie, qu’à une superbe figurine en impression 3D superbement chiante (ce qui est une considération subjective, je le concède).
Ensuite il y a le poids. J’aime que mes jouets soient lourds, qu’on les sente bien en main quand on les déplace sur la table, qu’ils en imposent. C’est d’autant plus valable pour les véhicules : il faut qu’ils soient en métal, à la rigueur moitié résine/moitié métal.
Enfin, il y a ce que mon père appelait la « noblesse » d’une réalisation, ou l'absence de noblesse du matériau, quand il raillait mes maquettes d’avions en plastique comparées à ses sculptures en bois. J’étais vexé, et j’argumentais en lui montrant la précision des formes de mes modèles Matchbox, Revell, Airfix, et le niveau des détails, les rivets, etc . qu’il ne pouvait pas obtenir, mais il haussait les épaules et rigolait, et plus le temps passe et plus je comprends et je réalise à quel point il avait raison.
Il y a quelques semaines, j’ai initié un gars de mon club à une partie de « de Chair et d’Acier », au cours de laquelle il s’est semble-t-il bien amusé, manipulant les quelques 150 figurines en 15mm que je lui avais confiées pour l’occasion.
Il n’a pas eu un seul mot de toute la journée pour exprimer son appréciation des sujets avec lesquels il a joué, et qui ont été sous ses yeux durant plusieurs heures.
En revanche, il s’est extasié, ne tarissant pas d’éloges, en examinant un rat géant en 28mm réalisé en impression 3D que lui présentait un autre intervenant du club.
Disons que ça m’a mis mal à l’aise, mais pour ne pas avoir l’air con, j’ai fait mine de m’extasier moi aussi devant le bidule hideux en plastoc translucide.
Et puis un sentiment bizarre, non pas de la jalousie – je pense avoir passé l’âge de la masturbation intellectuelle, enfin j’espère – mais plutôt de la consternation, et un brin de tristesse.
Bon, du coup je vais devoir faire mon coming out d’archaïque : alors voilà, je n’aime pas les figurines en impression 3D. C’est grave, docteur ?...
Hormis l’écoeurant aspect du business inhérent, qu’on avait évoqué de vive voix avec Brother Patrick il y a quelque temps, il y a d’autres facteurs, plus difficiles à cerner, mais je vais essayer.
D’abord, je peins des figurines depuis 50 ans, et je déteste ça. C’est un processus douloureux, qui fait mal aux yeux, au dos, et qui demande une motivation et une concentration invraisemblables. Je peins non pas par plaisir, mais pour avoir des jouets avec lesquels je suis content de jouer ensuite avec mes copains. Or pour trouver la motivation pour peindre, il faut que les figurines me plaisent. Non pas qu’elles soient belles, mais juste qu’elles me plaisent. Qu’elles aient du charme. Et pour avoir du charme, il faut qu’elles aient de la personnalité, quitte à être imparfaites, et qu’on y décèle un côté artisanal, bref qu’elles soient humaines. Je m’amuserai toujours plus à donner vie à un laideron de figurine Irregular rabougrie, qu’à une superbe figurine en impression 3D superbement chiante (ce qui est une considération subjective, je le concède).
Ensuite il y a le poids. J’aime que mes jouets soient lourds, qu’on les sente bien en main quand on les déplace sur la table, qu’ils en imposent. C’est d’autant plus valable pour les véhicules : il faut qu’ils soient en métal, à la rigueur moitié résine/moitié métal.
Enfin, il y a ce que mon père appelait la « noblesse » d’une réalisation, ou l'absence de noblesse du matériau, quand il raillait mes maquettes d’avions en plastique comparées à ses sculptures en bois. J’étais vexé, et j’argumentais en lui montrant la précision des formes de mes modèles Matchbox, Revell, Airfix, et le niveau des détails, les rivets, etc . qu’il ne pouvait pas obtenir, mais il haussait les épaules et rigolait, et plus le temps passe et plus je comprends et je réalise à quel point il avait raison.