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La réflexion sur ce sujet est plus profonde et philosophique qu’il n’y paraît de prime abord, et comme d’habitude j’ai le ressenti d’être complètement à côté de la plaque.
Un peu comme un type qui vivrait sur une île déserte en bouffant du poisson séché, et à qui on viendrait essayer de refourguer un ouvre-boîte. Mais si, tu vas voir, c’est mieux ! C’est le progrès ! ça « rebat les cartes », comme dirait Patrick. Ou bien un esquimau à qui on essayerait de vendre un frigo.
Ou mieux : comme le Glaude et le Bombé dans « La soupe aux choux », quand les gens viennent les observer et leur jeter des cacahuètes au travers d’un grillage. « Venez voir les vieux cons ! » Ce forum est mon grillage.
Ça ne date pas d’hier remarquez : le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con, aurait dit Brassens. Un ex-voisin qui bossait dans l’édition numérique se moquait déjà de moi il y a quelques années, et rigolait en regardant mes bibliothèques bourrées à craquer de bouquins poussiéreux. « C’est le passé ! », disait-il. « Tout ça est appelé à disparaitre, c’est inéluctable. » A quoi bon essayer de lui expliquer le plaisir d’admirer mes rangées de livres, de les tripoter, de les compter, de les ranger, de tourner les pages, de humer l’odeur du papier ? De me remémorer les souvenirs liés à chacun d’entre eux ? C’eût été perdre du temps et de la salive inutilement, et la salive j’en ai besoin pour tourner les pages.
Je me souviens aussi d’un gars, vers la fin de ma scolarité, qui avait fait s’esclaffer toute la classe ou presque, en déclarant que quand il écoutait un disque vinyle il aimait en admirer la pochette. A une époque ou les CDs commençaient leur suprématie ! Tout le monde s’était foutu de sa gueule. Quel con, un archaïque de 18 ans ! Moi ça ne m’avait pas fait rire, quelque part j’avais compris la poésie qu’il voulait exprimer, comme je comprends les types qui collectionnent les boîtes de figurines et pour qui ces emballages en carton ont autant d’attrait que les sujets en eux-mêmes : les objets sont des clés pour ouvrir le passé.
Donc pour faire court, je suis un archaïque, et un archaïque con et borné de surcroît.
Je n’en ai absolument rien à foutre de savoir qu’on peut créer et/ou imprimer en 3D des trucs super beaux, super intéressants ou super originaux, ça ne m’intéresse tout simplement pas. J’imagine que la prochaine étape c’est d’imprimer des trucs déjà superbement colorés et qu’il ne sera même plus nécessaire de peindre, mais je m’en tamponne complètement. Je m’en bats les yoks.
Mon truc, c’est de collectionner des bidules, beaux ou moches, de façon totalement irrationnelle, certains dormant depuis trente ans ou plus dans mes tiroirs, que je vais barbouiller à ma manière, en souffrant, en plus, car c’est chaque fois une épreuve douloureuse et pénible mille et mille fois répétée.
Syllogomanie ? Masochisme ? Certainement, le plaisir en ce qui me concerne étant ontologiquement lié à l’effort et au temps long qui le précède. On ne se refait pas, surtout quand c’est lié à l’éducation.
Pour moi le jeu avec figurines n’est pas un « hobby », ni un « milieu », encore moins un business ; c’est plutôt une obsession, une mystique, une quête, voire une thérapie.
Je ne me reconnais pas dans les gens qui disent « jouer WW2 » ou « jouer napoléonien » comme s’il s’agissait d’une catégorie sportive, ou de simples alternatives subsidiaires aux univers héroic-fantasy, et dont l’attrait et la curiosité pour le sujet se limitent au sempiternel dessin de Peter Dennis sur la couverture, d’un soldat hargneux et prognathe défouraillant à tout-va. Tant mieux si ils s’amusent, et c’est tout le bien que je leur souhaite, mais pour ma part je ne fonctionne pas comme ça.
J’appartiens à une espèce en voie de disparition, dont l’enfance a été baignée des souvenirs de proches qui avaient pour certains vécu deux guerres mondiales. Ni écrans ni tablettes, nos constructions mentales étaient imprégnées des exploits de Pierre Clostermann, des films de cow-boys, ou de la magie de l’univers que pouvait ouvrir une simple boîte de soldats Airfix.
Bref il ne me reste probablement au mieux que quelques brèves années devant moi, et j’entends juste qu’on m’autorise à en profiter, en me laissant collectionner les cochonneries qui me plaisent, en les alignant inlassablement sur une table pour partager cette joie enfantine avec les amis qui les apprécient, et sans qu’on cherche à m’imposer ou à me refourguer à tout prix Dieu sait quel progrès dont je n’ai rien à carrer.
Sur ce, je vais arrêter non seulement de déblatérer mais aussi de m’occuper de ce forum ; je pense qu’on a bien fait le tour, et au vu du nombre de contributeurs qui s’est réduit au fil de ces dix années comme peau de chagrin, son obsolescence ne laisse plus aucun doute. Bonne continuation à tous, et encore mille mercis à Jean-Luc, le Brush Brother fondateur !
Un peu comme un type qui vivrait sur une île déserte en bouffant du poisson séché, et à qui on viendrait essayer de refourguer un ouvre-boîte. Mais si, tu vas voir, c’est mieux ! C’est le progrès ! ça « rebat les cartes », comme dirait Patrick. Ou bien un esquimau à qui on essayerait de vendre un frigo.
Ou mieux : comme le Glaude et le Bombé dans « La soupe aux choux », quand les gens viennent les observer et leur jeter des cacahuètes au travers d’un grillage. « Venez voir les vieux cons ! » Ce forum est mon grillage.
Ça ne date pas d’hier remarquez : le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con, aurait dit Brassens. Un ex-voisin qui bossait dans l’édition numérique se moquait déjà de moi il y a quelques années, et rigolait en regardant mes bibliothèques bourrées à craquer de bouquins poussiéreux. « C’est le passé ! », disait-il. « Tout ça est appelé à disparaitre, c’est inéluctable. » A quoi bon essayer de lui expliquer le plaisir d’admirer mes rangées de livres, de les tripoter, de les compter, de les ranger, de tourner les pages, de humer l’odeur du papier ? De me remémorer les souvenirs liés à chacun d’entre eux ? C’eût été perdre du temps et de la salive inutilement, et la salive j’en ai besoin pour tourner les pages.
Je me souviens aussi d’un gars, vers la fin de ma scolarité, qui avait fait s’esclaffer toute la classe ou presque, en déclarant que quand il écoutait un disque vinyle il aimait en admirer la pochette. A une époque ou les CDs commençaient leur suprématie ! Tout le monde s’était foutu de sa gueule. Quel con, un archaïque de 18 ans ! Moi ça ne m’avait pas fait rire, quelque part j’avais compris la poésie qu’il voulait exprimer, comme je comprends les types qui collectionnent les boîtes de figurines et pour qui ces emballages en carton ont autant d’attrait que les sujets en eux-mêmes : les objets sont des clés pour ouvrir le passé.
Donc pour faire court, je suis un archaïque, et un archaïque con et borné de surcroît.
Je n’en ai absolument rien à foutre de savoir qu’on peut créer et/ou imprimer en 3D des trucs super beaux, super intéressants ou super originaux, ça ne m’intéresse tout simplement pas. J’imagine que la prochaine étape c’est d’imprimer des trucs déjà superbement colorés et qu’il ne sera même plus nécessaire de peindre, mais je m’en tamponne complètement. Je m’en bats les yoks.
Mon truc, c’est de collectionner des bidules, beaux ou moches, de façon totalement irrationnelle, certains dormant depuis trente ans ou plus dans mes tiroirs, que je vais barbouiller à ma manière, en souffrant, en plus, car c’est chaque fois une épreuve douloureuse et pénible mille et mille fois répétée.
Syllogomanie ? Masochisme ? Certainement, le plaisir en ce qui me concerne étant ontologiquement lié à l’effort et au temps long qui le précède. On ne se refait pas, surtout quand c’est lié à l’éducation.
Pour moi le jeu avec figurines n’est pas un « hobby », ni un « milieu », encore moins un business ; c’est plutôt une obsession, une mystique, une quête, voire une thérapie.
Je ne me reconnais pas dans les gens qui disent « jouer WW2 » ou « jouer napoléonien » comme s’il s’agissait d’une catégorie sportive, ou de simples alternatives subsidiaires aux univers héroic-fantasy, et dont l’attrait et la curiosité pour le sujet se limitent au sempiternel dessin de Peter Dennis sur la couverture, d’un soldat hargneux et prognathe défouraillant à tout-va. Tant mieux si ils s’amusent, et c’est tout le bien que je leur souhaite, mais pour ma part je ne fonctionne pas comme ça.
J’appartiens à une espèce en voie de disparition, dont l’enfance a été baignée des souvenirs de proches qui avaient pour certains vécu deux guerres mondiales. Ni écrans ni tablettes, nos constructions mentales étaient imprégnées des exploits de Pierre Clostermann, des films de cow-boys, ou de la magie de l’univers que pouvait ouvrir une simple boîte de soldats Airfix.
Bref il ne me reste probablement au mieux que quelques brèves années devant moi, et j’entends juste qu’on m’autorise à en profiter, en me laissant collectionner les cochonneries qui me plaisent, en les alignant inlassablement sur une table pour partager cette joie enfantine avec les amis qui les apprécient, et sans qu’on cherche à m’imposer ou à me refourguer à tout prix Dieu sait quel progrès dont je n’ai rien à carrer.
Sur ce, je vais arrêter non seulement de déblatérer mais aussi de m’occuper de ce forum ; je pense qu’on a bien fait le tour, et au vu du nombre de contributeurs qui s’est réduit au fil de ces dix années comme peau de chagrin, son obsolescence ne laisse plus aucun doute. Bonne continuation à tous, et encore mille mercis à Jean-Luc, le Brush Brother fondateur !
